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Pour une république souveraine laïque et sociale

Le racisme enfante la délinquance …. et inversement

Par Nicolas Duines - Avocat, le 12 juin 2020

Faire la corrélation entre le racisme et la délinquance, c’est à dire opérer une lecture raciale de notre société, c’est sans conteste s’aventurer sur un terrain glissant. Pour autant, il peut difficilement être contesté que ces deux phénomènes se nourrissent l’un et l’autre dans un engrenage infernal dont nul ne sait comment sortir. 

Or, pour lutter efficacement, tant contre le racisme que contre la délinquance, il faut avoir le courage d’opérer une approche et une analyse globales et reconnaître, aussi polémique que cela puisse paraître, qu’ils constituent les deux faces d’une même pièce.

Évidemment, si on entend effectuer un tel rapprochement, cela suppose que l’on considère, d’une certaine manière, que les minorités visibles constituent les seules victimes de racisme en France, que la délinquance de droit commun est principalement imputable à ceux-ci et que les blancs en sont majoritairement victimes, ce qui est très logiquement sujet à débat.

Concernant le premier point, cela me semble néanmoins difficilement discutable.

En effet, les condamnations pour injures raciales, provocations à la haine raciale et plus encore pour des faits discriminatoires sanctionnent presque systématiquement des délits dirigés contre des minorités visibles. 

Certes, le caractère aggravant de racisme a parfois pu être retenu pour des délits commis sur des blancs, tels que des violences volontaires, mais c’est anecdotique.

Ainsi, sans rentrer dans le débat quant au caractère systémique ou non du racisme qui suppose d’établir une distinction entre les victimes selon leur couleur de peau, laquelle distinction n’est fort heureusement pas retenue dans notre législation, il faut reconnaître de manière évidente que les actes et paroles à caractère racistes, l’antisémitisme mis à part, visent essentiellement les français et étrangers noirs et maghrébins. 

De plus, l’écho dont a bénéficié en France le crime abject de Minneapolis témoigne de la persistance de ce phénomène et du ressenti éprouvé par ceux qui en sont les principales victimes.

Évidemment, la situation et l’histoire américaine ne sont pas les nôtres et il est pénible de voir certains appliquer la même grille de lecture pour les deux pays, pour autant, si la question des violences policières suscite une telle émotion dans notre pays, elle ne doit pas être ignorée et encore moins méprisée. 

En effet, si le sentiment d’insécurité ressenti par de nombreux français doit être pris en compte, pourquoi en serait-il autrement du sentiment de discrimination ressenti et exprimé par de nombreux noirs et maghrébins, notamment lors de contrôles policiers ? 

Or, on peut se demander s’il n’existe pas une forme de lassitude voir de dénigrement de certains français, en particulier à droite, lorsque la question du racisme est évoquée, comme si ce sujet avait été trop débattu, qu’il était mineur, voire qu’il avait disparu.

Alors certes, les actes et propos racistes et discriminatoires ont largement diminué ces trente dernières années et les Français n’éprouvent majoritairement pas de réticence à vivre au sein d’une société multiethnique, pour autant, cela ne signifie nullement que les discriminations en tout genre ne persistent pas ou que le racisme n’existe plus en France.  

Le contrôle au faciès est une réalité, de même que la discrimination à l’embauche, au logement… Je suis effaré d’entendre encore dans mon exercice professionnel des agents immobiliers m’avouer, notamment dans certains secteurs, que de très nombreux vendeurs ou bailleurs continuent d’exiger vigoureusement, au mépris de la loi, des acquéreurs ou loueurs « ni noirs, ni arabes ». 

La question du racisme ne peut et ne doit donc pas être minimisée et ce combat suppose bien davantage qu’une solidarité à faible coût sur les réseaux sociaux. 

Cela suppose également de ne pas tomber dans le piège des indigénistes, c’est à dire considérer qu’il s’agit d’un simple combat communautaire et non universel auquel les blancs ne pourraient prendre part que s’ils font amende honorable.

En quoi serais-je responsable d’actes que je réprouve totalement sous prétexte qu’ils sont commis par des personnes dont je partage une caractéristique que je n’ai pas choisi, à savoir la couleur de peau ? Si l’on met un pied dans cette logique essentialiste, comment s’opposer alors à ceux qui déclarent que les musulmans doivent être tenus responsables des actes terroristes dès lors qu’ils ont été commis par des individus avec lesquels ils partagent une identité choisie, en l’occurrence la religion ? 

Le combat contre le racisme doit être l’affaire de tous et ce d’autant plus que les discriminations et les humiliations subies ou ressenties ainsi que le sentiment d’être des citoyens de seconde zone constituent parmi les vecteurs de l’entrée dans la délinquance, laquelle, dans un cercle vicieux, nourrit ensuite la xénophobie.

En effet, tous ceux qui souhaitent avec sincérité combattre le racisme ne peuvent occulter l’un des foyers qui l’alimente inlassablement, c’est-à-dire la délinquance.

Évidemment, les actes de délinquance commis en France ne sont pas tous imputables à des minorités visibles, loin s’en faut.

Cependant, la petite délinquance, celle qui n’est pas la plus préjudiciable économiquement pour notre pays comme les délits financiers ou la plus choquante comme les atteintes sexuelles sur mineurs, est commis majoritairement, il faut le reconnaître, par des jeunes hommes maghrébins ou noirs issus des quartiers populaires et que l’on affuble généralement du qualificatif de racailles, de lascars ou plus pudiquement de jeunes.

Il s’agit d’un phénomène ignoré de personne mais qui continue de se perpétuer depuis près de trente ans sans que quiconque ne se décide véritablement à le résoudre. 

Ces jeunes, qui constituent nos clients réguliers lors des permanences pénales, ne sont évidemment pas des grands délinquants, ont des circonstances atténuantes et finissent souvent par se ranger après 25 ans, mais le problème est qu’ils commettent les incivilités et les délits mineurs les plus visibles et les plus fréquents, ceux dont tous les citadins au moins une fois dans leur vie ont été témoins, si ce n’est victimes.

Or, si beaucoup minimisent leurs gravités, à commencer par leurs auteurs, ces agissements créent un climat anxiogène et sont très traumatisants pour les victimes.

J’ai encore le souvenir d’un jeune prévenu qui avait beaucoup de peine à se souvenir du délit de violence volontaire pour lequel il était jugé et qui constituait pour lui qu’un événement sans importance dans son CV de délinquant à 4 pages alors que, de l’autre côté de la barre, la victime était encore terrorisée près d’un an après les faits et ne s’en remettrait sans doute jamais complètement. 

La difficulté qui se pose à mon sens est que ce phénomène est seulement évoqué par ceux qui entendent l’exploiter pour justifier leurs théories xénophobes en faisant bien évidemment fi des autres formes de délinquance et des facteurs économiques, sociaux et éducatifs qui l’alimentent sans évoquer la ségrégation territoriale et les discriminations. 

D’autres préfèrent l’occulter, tétanisés par la peur d’être taxés de xénophobes, quand certains enfin répondent qu’il s’agit d’une forme de délinquance comme une autre et qu’il n’est pas possible en France d’opérer des distinctions en fonction de l’origine raciale ou de réaliser des statistiques ethniques.

Ils auraient parfaitement raison s’il ne s’agissait, à l’instar des blousons noirs dans les années 60, que de l’illustration d’un phénomène de délinquance juvénile mais le problème est que, dans notre cas, les jeunes en question sont issus pour l’essentiel d’une minorité visible, qu’ils rejettent pour beaucoup le pays où ils sont nés et que leurs agissements constituent en France, avec l’islamisme, l’un des principaux carburants du racisme et de la xénophobie dirigée à l’encontre des français maghrébins et noirs et entraînent plus généralement des stratégies d’évitement scolaires ou territoriaux par de nombreux français.

Ainsi, en refusant de procéder à cette analyse, on s’interdit de comprendre cette corrélation et cette interconnexion entre ces différents phénomènes.

Ensuite, il est certain que les délits et incivilités commis par ces jeunes sont subis par tous les français sans exception et notamment au sein même des quartiers et que les blancs n’en sont pas les seules victimes. D’ailleurs, de nombreux français issus de minorités visibles s’insurgent contre ces agissements dès lors qu’ils nourrissent la xénophobie à leur égard.

Pour autant, et cela peut sembler évidemment discutable pour certains mais, selon moi, les actes de délinquances commis, tels que les vols avec violence, l’extorsion, les harcèlements (etc), sont dirigés essentiellement à l’encontre de français blancs et, dans tous les cas, vers ceux n’ayant pas la même origine raciale et géographique que leurs auteurs ou les mêmes codes culturels.

Par sentiment identitaire, clanique, ils refusent de s’attaquer aux personnes qui leur ressemblent et avec lesquels ils éprouvent un sentiment de solidarité communautaire.

Alors, peut-on dans ces conditions parler de racisme anti-blancs et considérer que ces agressions diverses devraient être affublées du caractère aggravant de racisme comme l’exigent certains, notamment au RN ou dans les mouvements identitaires ? 

La question est évidemment complexe mais, de mon côté, je ne le pense pas.

S’il existe un ressentiment et un rejet de la France chez beaucoup d’entre eux, les infractions commises ne le sont généralement pas en considération de la race ou de l’ethnie de la victime ni de sa nationalité, qu’ils partagent d’ailleurs.

Le choix de la victime est selon moi essentiellement motivé par des considérations économiques et d’opportunité, le français blanc, majoritaire dans le pays, étant considéré comme une cible facile et nécessairement fortunée aux yeux de ceux-ci et avec laquelle ils n’éprouvent que peu d’empathie.

En revanche, cela n’est pas parce que ces agressions ne peuvent, juridiquement tout du moins, être qualifiées de racistes qu’elles ne sont pas profondément traumatisantes, anxiogènes et souvent humiliantes.

Je ne peux m’empêcher d’effectuer un parallèle quand j’entends certains évoquer le stress et la crainte que les choses s’enveniment à chaque fois qu’ils croisent des policiers avec celle qu’ont vécu et que vivent encore de nombreux français, en particulier blancs, lorsqu’ils se retrouvent confrontés à des bandes de jeunes issus des quartiers. 

Force est de constater que chacun ignore totalement le traumatisme de l’autre mais, dans un cas, le phénomène est connu et dénoncé alors que, dans l’autre, il constitue encore et toujours un tabou, un non-dit, sauf évidemment pour ceux qui veulent l’exploiter pour justifier leur lecture xénophobe.

Comme s’il s’agissait d’un phénomène banal et irrépressible, les jeunes citadins qui ne sont pas issus des quartiers populaires assimilent très tôt le risque que peut constituer ces jeunes, les moyens d’éviter la confrontation et les réactions à tenir en cas d’agression, pour autant, il est assez rare celui qui réussit à ne pas passer sous leurs fourches caudines au moins une fois. 

Ces agissements, qui peuvent aller d’une simple insulte dans la rue à une agression violente, sont vécus avec beaucoup d’humiliation par les victimes qui ont le plus souvent le même âge que les auteurs mais qui savent qu’ils ne peuvent se permettre de répliquer.

Cette chape de plomb posée sur ce phénomène est  ressentie avec une certaine frustration chez les victimes qui ont le sentiment, outre le fait que le caractère xénophobe et haineux est contesté, que leur douleur n’importe pas et qu’il leur est constamment opposé le statut de victime supposée de leurs agresseurs. Or, on ne peut pas demander à une jeune victime d’une agression d’avoir un tel recul sur son traumatisme et, à fortiori, d’y apposer une analyse sociologique. 

Ce ressentiment et cette impression de deux poids deux mesures constituent bien souvent les principaux éléments déclencheurs du choix de certains jeunes de rejoindre le rang des identitaires ou du RN.

De ce fait, cette délinquance nourrit inlassablement le rang des extrêmes et créé un fossé entre deux jeunesses d’un même pays, pourtant souvent également défavorisées sur le plan économique.

De plus, pour beaucoup de français, la première confrontation réelle ou virtuelle avec des personnes issues des minorités visibles se produit avec ces jeunes délinquants. 

De cette manière, pour certains d’entre eux, le raccourci entre délinquance et jeunes des minorités est très rapidement opéré et il sera ensuite difficile à défaire. Dès lors, ils perpétueront indéfiniment des attitudes excluantes et discriminatoires auprès de l’ensemble d’une catégorie de français, sans distinction.

Heureusement, la plupart des français, qu’ils aient été victimes ou simples spectateurs de ce phénomène, constatent sans difficulté qu’il ne porte que sur une faible minorité d’individu, qu’il s’agit avant toute chose d’un phénomène social, identitaire et culturel et non racial et que, pour l’essentiel, l’intégration fonctionne, ce qui explique d’ailleurs la diminution du racisme en France. 

Néanmoins, ces agissements étant connus de tous et chacun étant parfaitement en mesure de détecter qui en sont les principaux auteurs et leurs caractéristiques communes, ils sont vecteurs d’un souhait croissant mais discret chez de nombreux français de procéder à des stratégies d’évitement, que cela soit dans le choix de l’établissement scolaire de leurs enfants, de leur lieu de résidence, de vacances (etc) et ce afin d’éviter d’y être confrontés, amalgamant ainsi des catégories entières de leurs compatriotes pour les agissements d’une minorité.

La crainte de cette délinquance s’ajoutant ainsi aux divergences sociales, culturelles et souvent religieuses avec ces mêmes catégories. 

Enfin, ce phénomène justifie pour les forces de l’ordre des contrôles au faciès et de moins en moins maîtrisés lesquels sont subis par une partie de la jeunesse française et en particulier ceux qui partagent les origines des auteurs de ces actes de délinquance ou leurs codes culturels et vestimentaires, ce qui alimente ainsi un ressentiment et une colère légitime.

Les forces de l’ordre ne sont pas exempts de reproches car, on l’a notamment vu lors des manifestations des gilets jaunes et de certains arrestations dans des quartiers, les bavures sont nombreuses et les cas de racisme ne sont pas anecdotiques.

Néanmoins, les policiers constituent un peu trop le bouc-émissaire idéal. Il ne faut pas perdre de vue qu’ils sont en première ligne depuis de nombreuses années face à cette délinquance de plus en plus violente et déterminée et ce sans soutien de leur hiérarchie.

Ils sont tiraillés entre ceux qui exigent qu’ils assurent très fermement la loi républicaine et les autres qui leur reprochent des excès et des contrôles au faciès sans que quiconque, pour autant, leur donnent les moyens techniques, juridiques et financiers d’agir autrement.

Il ne peut leur être demandé de contenir seuls et sans bavures un phénomène qui n’est que la conséquence d’échecs répétés en matière sociale, d’urbanisme, d’éducation, d’intégration (etc) et donc imputable aux décisions prises par tous nos dirigeants depuis plus de 30 ans. 

En définitive, pour résoudre ces enjeux essentiels, il faut impérativement apporter une vraie réponse politique et cesser de se placer sur le terrain des émotions.

Ces question doivent désormais être sereinement débattues, chacun étant parfaitement capable de comprendre la complexité et l’interaction de ces différents phénomènes sans y apposer une lecture victimaire ou xénophobe.

Le déni d’une réalité et le refus de réfléchir communément sur ces difficultés laisse le champ totalement libre aux communautaristes et partisans d’une vision raciale de la société française et éloigne dramatiquement l’espoir de voir naître en France une société apaisée et post-raciale.

La tâche est immense mais on peut déjà percevoir, notamment chez les jeunes générations, un acquiescement croissant à vivre dans une société multiethnique. Ainsi, si une réponse globale est enfin apportée à cette délinquance et au racisme qu’il engendre et qui le nourrit et si les véritables républicains écartent ceux qui, pour leur petite entreprise identitaire, soufflent sur les braises d’un feu qui, certes lentement mais inexorablement, s’éteint, cet espoir peut demeurer. 

 

 

5 commentaires

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