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Pour une république souveraine laïque et sociale

Tribune libre : retour sur la question du travail

Par Nadjib ABDELKADER, le 11 février 2019

Avertissement:

Nous avons le grand plaisir de soumettre à nos lecteurs le texte d’un ami qui a déjà contribué avec bonheur aux débats sur ce site. Cette fois, c’est la question du travail qui est en travail : l’auteur démonte la construction sociale de cette notion, ce qui est fondamental. Faut-il en déduire, comme certains, que le travail n’a plus de « valeur » et qu’il doit disparaître en tant que catégorie de l’émancipation, et en venir au revenu « universel », « inconditionnel » etc. ?  Ou, tout au contraire, ne faut-il pas reconnaître que, si le travail est bien un artifice culturel et institutionnel s’inscrivant dans une histoire, il n’en suit pas que qu’il relève de l’arbitraire ou de la contigence. Il s’agit, dans cette perspective, de libérer le travail du capital et de méditer cette citation Tony Andréani (dans Un être de raison. Critique de l’homo oeconomicus, Syllepse, p. 202) écrivant :

« je suis résolument opposé aux conceptions qui, sous prétexte de la « fin du travail » ou de la « société salariale », proposent de supprimer toute incitation légale au travail en fournissant aux individus un revenu de citoyenneté, dénué de toute sorte de contrepartie, afin, disent-ils de leur promettre un libre choix. Cela reviendrait à les séparer de leurs propres possibilités, à laisser à d’autres les principaux pouvoirs de décision (nul doute qu’ils réduiraient alors au maximum le revenu du non-travail), à en faire des citoyens de seconde zone. Une telle relégation ne correspondrait à aucun gain de liberté, bien au contraire ».

Les gouvernements toujours plus progressistes que les précédents, alignent les mesures de durcissements à l’égard des chômeurs, qu’ils justifient par une prétendue fainéantise des pauvres. Ces mesures, nous dit-on, seraient basées sur une sorte de bon sens anhistorique et une réflexion scientifique. Or ces politiques sont basées sur des conceptions et présupposés qui sont aussi historiques qu’idéologiques et quelques peu poussiéreux.

En ce début d’année 2019, les chômeurs et précaires découvrent des mesures de durcissement, des contrôles et des sanctions pour ceux qui oseraient se montrer un minimum exigeant quant à l’acceptation d’un « emploi ». Cette politique d’un pouvoir qui s’est donné pour mission de faire émerger le novum mundi, n’est pas une création récente, mais au contraire une très vieille rengaine. Déjà, Manuel Valls, pourfendeur de « la haine », chevalier sans peur et sans reproche, pourfendait « l’extrémisme » à coup de mentons et menait une telle politique.  Bien avant, alors que l’actuel président de la république n’était qu’un enfant, Margaret Thatcher menait une telle politique en Angleterre. A LaREM, on parle de mesures de « justice » et d’un mystérieux « contrat » passé avec les Français : 

   « A partir du moment où vous ne venez pas à votre rendez-vous avec Pôle emploi et donc que vous n’êtes pas dans une recherche active d’emploi et que vous ne respectez pas quelque part le contrat que vous passez avec la société, avec les Français, c’est logique qu’il puisse y avoir des sanctions. »[1]

   D’abord, cette rhétorique est basée sur une aberration sociologique : la vision libérale d’une société composée d’individus égoïstes et rationnels, reliés entre eux par des contrats. Autre justification d’une telle politique : la « volonté de valoriser le travail plutôt que l’assistanat ». Le travail serait une sorte de valeur absolue, le Saint Graal de notre société, pierre angulaire d’une société et sa prétendue valorisation, un tabou que tentent de briser les courageux réformateurs, modernisateurs qui osent braver les « conservatismes ». Pourtant, ces discours réformateurs et innovateurs ne datent pas de notre siècle et les bases de ce discours sont très anciennes. Ce type de discours est intimement imbriqué avec la question de la pauvreté, et c’est par là que nous allons commencer, en essayant de faire une rapide histoire de la pauvreté, de l’époque médiévale à l’époque moderne, puis, l’émergence d’une nouvelle valeur : le travail.

Sans remonter dans des temps immémoriaux et dans les diversités du monde monothéiste et indien [2], nous allons partir de ce que les bons départements d’histoire appellent « Occident médiéval ». A cette époque, le « pauper » (pauvre) ne désigne en rien une condition économique ou matérielle, qui serait l’inverse du « dives » (riche) mais un statut social désignant l’inverse du « potens » (puissant) [3]. Au sein de cette société, le régime productif est axé sur la subsistance : production principalement de « valeurs d’usage » et non  production en masse de « valeurs d’échange »). Celui qui manque alors des moyens de subsister n’est pas mis de côté ni vu comme un danger, mais suscite la compassion (du latin : cum patior, « je souffre avec »), la charité chrétienne et les solidarités communautaires. Ce n’est qu’à partir de l’épidémie de Grande peste noire au XIVème siècle, que la donne va changer. Le long déclin du régime féodal à la campagne s’accompagne, dans un mouvement de piston, d’une croissance des villes et de la monté en puissance des marchands. La grande épidémie va néanmoins pousser un changement de paradigme, où une « nomenclature truculente d’ailleurs, confondit en un mépris commun, sinon en une même crainte, les catégories malheureuses et les « classes dangereuses »… Pauvres et mendiant devinrent synonymes d’oisif, de vagabond, de criminel en puissance » [4]. C’est ainsi qu’en 1351, Jean II le Bon, promulgue une ordonnance qui fait l’amalgame entre « truands » et « chômeurs » [5]. En 1354, le même souverain promulgue une autre ordonnance « contre la grande cherté des ouvriers qui ne veulent pas faire leur besogne s’ils ne sont pas payés à leur volonté […] la fainéantise gagne tout les servants et ouvriers » [6]. Autre mesure significative témoignant de cette mentalité nouvelle, la ville de Rouen en 1534 met en place des mesures d’abord de répression des pauvres, mendiants et oisifs, puis de travail forcé. Le tout, après un bel éloge de la charité « la plus grande et principale de toutes les autres vertus » [7].

   Cette mesure de mise sous travail forcé des pauvres, oisifs et vagabonds, témoigne d’un changement de vue concernant ce que nous appelons aujourd’hui « travail ». André Gorz dit à propos :

« Ce que nous appelons « travail » est une invention de la modernité. La forme sous laquelle nous la connaissons, pratiquons et plaçons au centre de la vie individuelle et sociale a été inventé, puis généralisé avec l’industrialisme. Le « travail » au sens contemporain ne se confond ni avec les besognes, répétées jour après jours, qui sont indispensables à l’entretien et à la reproduction de la vie de chacun ; ni avec le labeur, si astreignant soit-il, qu’un individu accomplit pour réaliser une tâche dont lui-même ou les siens sont les destinataires ; ni avec ce que nous entreprenons de notre chef, sans compter notre temps et notre peine dans un but qui n’a d’importance qu’à nos yeux et que nul ne pourrait réaliser à notre place. » [8]

   A la racine, le terme « travail » vient du latin « tripalium », cet instrument sur trois pieds que l’on utilisait pour ferrer ou soigner un animal ou torturer un esclave. A l’époque médiévale, le mot « tripaliare » signifiait « tourmenter, torturer avec un tripalium » [9]. Si le salariat existait, l’on pouvait donc se soumettre à un échange de travail contre salaire de façon temporaire. Mais, être soumis à ce régime en permanence était synonyme de « misère et impuissance » [10]. A partir du XIIème et XIIIème siècle, une révolution paradigmatique va influencer la perception du « travail ». En effet, l’usure perd sa nature immorale, et, dans ce contexte, St Thomas d’Aquin codifie ce changement et crée la notion « d’utilité commune » nécessaire aux besoins de la société [11]. Avec la monté du « paradigme marchand » (expression du sinologue philosophe Suisse, Jean François Billeter), a lieu un renversement des valeurs : la quête du gain devient morale et advint ce qu’Illich appelait « la guerre contre la subsistance ».

   En Angleterre, pendant que l’on enclot les communaux, l’on impose ce que l’historien Edward Palmer Thompson appelle « la discipline du travail » [12] (observée par Friedrich Engels dans « la situation des classes laborieuses en Angleterre »). Une nouvelle moralité se met en place : il n’est plus question de charité envers les pauvres, mais de les faire travailler ! C’est ainsi que le physiocrate et abbé Nicolas Baudeau, louange la façon dont les Hollandais inculque le « goût de l’effort » aux pauvres :

   « Les Hollandais ont inventé une méthode excellente ; c’est d’attacher à la pompe ceux qu’ils veulent exercer au travail, de leur faire désirer l’emploi de labourer la terre, et de les y préparer par un travail bien plus dur, mais que la nécessité fait pratiquer On enferme seul le personnage qu’il s’agit d’accoutumer au travail, dans un réduit que des canaux inondent de manière à le noyer, s’il ne tourne pas sans cesse la-manivelle de sa pompe ; on ne lui donne qu’autant d’eau & d’heures d’exercice que ses forces le comportent les premiers jours ; mais on augmente toujours par gradation. Voilà le premier travail que nous assignons aux coupables renfermés dans notre maison de correction. » [13]

Puis, le « travail » se trouve miraculeusement enrichi de vertus nouvelles. En effet, en 1777, alors que commence la « révolution industrielle », la question du concours de dissertation de l’académie de Châlons-sur-Marne est « comment abolir la mendicité généralisée d’une manière qui profite à la fois à la couronne et aux pauvres ? ». Le texte vainqueur commença en ces termes : 

   « Depuis des siècles, on cherche la pierre de sagesse. Nous l’avons trouvé, c’est le travail. Le travail salarié, voilà la source naturelle de l’enrichissement des pauvres. » [14]

   Illich remarque une forte influence de la pensée alchimique sur les théories sociales : le travail est une pierre de sagesse qui transforme la nature en bien ou service marchand ! Au XIXème siècle, Marx transforme le langage alchimiste en langage scientifique. Mais, pour Illich, « les économistes ne sont pas plus au fait du travail que les alchimistes ne l’étaient sur l’or ». En plus de la Hollande, cette façon de penser se diffuse en Angleterre, et en Allemagne du Nord, ou l’on met en place des « workhouses » [15].

Au XIXème siècle, sous l’influence d’Hegel, se construit à partir de l’Allemagne, une idée du « travail, essence de l’homme ». Marx lui-même souscrit à cette idée :

   « Supposons que nous produisions comme des êtres humains : chacun de nous s’affirmerait doublement dans sa production, à l’égard de soi-même et de l’autre. 1. Dans ma production, je réaliserais mon individualité, ma particularité ; j’éprouverais en travaillant, la jouissance d’une manifestation individuelle de ma vie, et dans la contemplation de l’objet, j’aurais la joie individuelle de reconnaître ma personnalité comme une puissance réelle, concrètement saisissable et échappant à tout doute. 2. Dans ta jouissance ou ton emploi de mon produit, j’aurais la joie spirituelle de satisfaire par mon travail un besoin humain de réaliser la nature humaine et de fournir au besoin d’un autre l’objet de sa nécessité. 3. J’aurais conscience de servir de médiateur entre toi et le genre humain, d’être reconnu et ressenti par toi comme un complément à ton propre être et comme une partie nécessaire de toi-même, d’être accepté dans ton esprit comme dans ton amour. 4. J’aurais dans mes manifestations individuelles, la joie de créer la manifestation de ta vie, c’est-à-dire de réaliser et d’affirmer dans mon activité individuelle ma vraie nature, ma sociabilité humaine. Nos productions seraient autant de miroirs où nos êtres rayonneraient l’un vers l’autre » [16]

Mais pour Marx, qui reproche aux hégéliens leur idéalisme, cette « essence » n’est que potentiel abstrait, car en réalité, il est aliéné, parce que la « force de travail » est une marchandise vendue sur un marché [17]. Ce changement est fondamental et démontre le caractère « utopique » de la société de marché et de la civilisation industrielle. Car, quand des marchés existent, le producteur, qu’il soit artisan ou paysan, ne propose sur le marché que les fruits de son travail (objet artisanal ou denrées alimentaires), et non sa propre personne comme dans la société de marché.

Depuis lors, tout du long du XXème siècle, mis à par quelques exceptions, le « travail » s’est imposé comme valeur cardinale, aussi bien pour les élites bourgeoises que pour les prétendus représentants de la « classe ouvrière ». Et ce, en dépit des oppositions ancestrales au régime du salariat jugé dégradant,  oppositions qui eurent d’ailleurs à affronter des réactions relevant de la violence extrême que n’aurait pas reniée un Petit Père des Peuples ou un Grand Timonier. Ah, ces discours à la gloire du « travail », qui nous est présenté comme « émancipateur » et vecteur de « progrès » … mais sans préciser de quoi ! L’on défend le « travail » en prétendant affronter avec courage les tabous qu’imposerait un certain « conservatisme ». Mais, force est de constater que ces combats contre ces fameux conservatismes sentent bon la naphtaline et la perruque poudrée ! 

   Fort heureusement, en plein mouvement des Gilets Jaunes, le brillant président de la République, à la pensée complexe, M. Macron a trouvé la fameuse Pierre de sagesse :

   « s’il n’y a pas ce sens de l’effort, le fait que chaque citoyen apporte sa pierre à l’édifice par son engagement au travail, notre pays ne pourra jamais pleinement recouvrer sa force, sa cohésion, ce qui fait son histoire, son présent et son avenir. » [18]

   Ces discours viennent d’une vision qui manque à la fois d’imagination et de profondeur. Manque de profondeur aussi bien historique qu’anthropologique, car basés sur une vision « économiciste » et étroite du travail et de la société. Manque d’imagination, car venant d’un raisonnement basé sur la croissance économique, la production de masse, la technique, jugée indépassable et allant dans un « sens de l’histoire ». Se pose alors le problème de la souscription à ce discours et de la capacité à le dépasser afin de faire face aux catastrophes qui sont déjà là ou qui déferlent.

 

Notes

[1] Contrôle plus strict des chômeurs: Bergé (LaREM) assume : Le Figaro.fr avec AFP, Publié le 02/01/2019 : http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2019/01/02/97002-20190102FILWWW00047-controle-plus-stricte-des-chomeurs-berge-lrem-assume.php 

[2] Pour cela, lire Majid Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté, Fayard, Acte sud, Paris, 2004, dans la ligné d’Ivan Illich, dont il fut un ami, l’auteur (ancien diplomate d’origine iranienne et professeur à l’université de Claremont en Californie), l’auteur nous présente une analyse riche, minutieuse et des réflexions très spirituelles et novatrices sur la pauvreté, les pauvres et notre paradigme moderne.

[3] Ivan Illich, Le travail fantôme, paru dans œuvre complète, volume 2, Fayard, Paris, 2007 p. 205.

[4] Michel Mollat, Etude sur l’Economie et la Société de l’Occident Médiéval, XIIème-XVème Siècles, cité par Majid Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté, Fayard, Acte sud, Paris, 2004 p. 86

[5] Bronislaw Geremek, Truands et misérables dans l’Europe moderne (1350-1600), Collection Archives (n° 84), Gallimard, Paris, 1980 p. 73.

[6] Ibid., p. 74.

[7] Ordonnance faite sur le fait des pauvres valides de cette ville de Rouen, publie dans Gustave Panel, Documents concernant les pauvres de Rouen, Extraits des Archives de l’Hôtel-de-Ville, p. 19 à 28 : https://archive.org/details/documentsconcern01roueuoft/page/18 vu dans Bronislaw Geremek, Truands et misérables dans l’Europe moderne (1350-1600), op.cit., p. 165 sq.

[8] André Gorz, Métamorphoses du travail : quête du sens : critique de la raison économique,  Galilée, Paris, 1988 p. 25

[9] Dominique Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition, Flammarion, col. Alto, Paris, 1996 p. 57

[10] Ivan Illich, Le travail fantôme, op. cit., p. 205

[11] Dominique Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition, op. cit., p. 55 sq.

[12] Edward Palmer Thompson, Temps, discipline du travail et capitalisme industriel, art. paru dans Les Usages de la coutume, Traditions et résistances populaires en Angleterre (XVIIe-XIXe siècle), Traduit par : Jean Boutier, Arundhati Virmani, « Hautes Études » est une collection de l’École des hautes études en sciences sociales, des Éditions Gallimard et des Éditions du Seuil, Paris, 2015 p. 429 à 486.

[13] Abbé Nicolas Baudeau, Idées d’un citoyen sur les besoins, les droits, et les devoirs des vrais pauvres, vol. 1, Amsterdam-Paris, Hochereau le Jeune, 1765 p. 129 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96106152/f347.item.r=hollandois.zoom cité par Majid Rahnema, Quand la misère chasse la pauvreté, op.cit., p. 90.

[14] Ivan Illich, Le travail fantôme, op.cit., p. 207.

[15] Ivan Illich, Le travail fantôme, op.cit., p. 208 sq.

[16] Karl Marx, Notes de lecture », in Economie et philosophie, Oeuvres, économie, Gallimard, Coll. La Pléiade, tome II, 1979, p 22 cit. in Dominique Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition, Op.Cit., p. 103

[17] Contrairement à la doxa althussérienne, l’aliénation est une notion présente dans l’ensemble des œuvres de Marx. Lucien Sève l’a bien démontré dans « Aliénation et émancipation. Précédé de : Urgence de communisme. Suivi de 82 textes du Capital sur l’aliénation, Ed. La Dispute, Paris, 2012 »

[18] Devant les boulangers, Macron regrette que « beaucoup trop » de Français oublient le « sens de l’effort » : https://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/video-macron-regrette-que-beaucoup-trop-de-francais-oublient-le-sens-de-l-effort_3140661.html 

 

6 commentaires

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