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Pour une république souveraine laïque et sociale

La laïcité comme mécanique de la raison d’État

Par Jacques Sapir, le 10 avril 2019

Julien Bouchet vient de sortir un livre où il entreprend de dresser un bilan historique de ce qu’il appelle les « Ennemis de la laïcité »[1]. Il divise son petit ouvrage en trois chapitres, le premier traitant de 1789 à 1905, le second de la période du XXème siècle et le troisième de la période actuelle, avec une conclusion, suivie d’une chronologie et de sources. Le lecteur remarquera aussitôt deux confusions emboîtées qui sont fort gênantes : la première entre le principe et la signification de la laïcité et la question de la séparation des églises et de l’Etat, et la seconde entre la loi de 1905, qui est en réalité un loi de pacification sur la question religieuse et le problème de la séparation entre les cultes et l’Etat. Ces deux confusions nuisent à la compréhension du problème même de la laïcité. Les confusions qu’introduit ce livre portent préjudice à une compréhension globale de la question de la laïcité et de la centralité de ce principe pour la construction d’une démocratie.

Dès l’introduction Bouchet pose le problème, et le pose mal. Il écrit ainsi : « Cette référence au tumulte social en matière de religion renvoie d’emblée l’historien à des temps où la « guerre des deux France », la France monarchique et la France républicaine faisait encore rage »[2]. Si l’auteur, avec raison, étudie les textes de la période révolutionnaire, il ignore complètement les textes plus anciens, et en particulier les débats du XVIème – XVIIème siècle qui furent fondateurs quant à l’émergence du principe de laïcité. Dans le premier chapitre donc il prend la Révolution de 1789 comme point de départ de la laïcité, la confondant avec la question des rapports de l’Etat et de la religion. Cela nous vaut cette savoureuse citation où il qualifie l’ancien régime de « théocratie » : « …la Convention montagnarde sépare la nation souveraine de la théocratie »[3]. Même si l’on peut être d’accord avec d’autres passage, on reste stupéfait devant ce niveau de simplification (et d’ignorance) des divers aspects du problème. De fait, la notion de « peuple souverain » est elle aussi bien antérieure à la Révolution, mais cela l’auteur, à l’évidence, l’ignore.

L’accent est aussi bien trop mis sur les combats politiques de 1880 à 1905, et cela est regrettable d’un point de vue de compréhension du problème dans sa totalité. Il y a bien une querelle religieuse à cette époque, mais cette querelle est multiple. Elle n’oppose pas les « anti » et les « pro », mais elle implique la confrontation entre ceux qui pensent que la religion doit servir l’Etat (comme l’y invite le Concordat), ceux qui pensent au contraire que l’Etat doit servir la religion, et enfin ceux qui pensent qu’Etat et religion doivent être séparés. La loi de 1905 organise alors la pacification. Cela laisse à croire que pour l’auteur un principe se confond avec les formes matérielles d’application qu’il prend.

De même, Bouchet semble penser que l’anticléricalisme fait partie de la laïcité, alors qu’en réalité c’est exactement le contraire[4]. Si la section 2 du premier chapitre montre bien les conséquences d’un processus de séparation de l’église et de l’Etat, elle n’apporte rien à une analyse de fond de la question de la laïcité. On le voit, le titre même du livre est trompeur, et il eut bien mieux valu écrire « Histoire de la séparation de l’église et de l’Etat en France ». Mais, cela aurait laissé en blanc la question de la laïcité. Et d’ailleurs, de quel Etat parle-t-on ? Car, la construction de l’Etat, comme processus historique, pose à terme les questions qui sont celles de la laïcité.

La construction de l’État moderne

La constitution de l’Etat se fait à l’horizon historique. Pour comprendre l’État moderne, il faut comprendre le principe de dépersonnalisation de l’État, qui lie désormais la souveraineté non plus à une personne donnée mais à un principe politique. L’affirmation du peuple, lui-même représenté symboliquement, comme Prince à la place d’un prince donné, a constitué un élément important dans le constitution de l’État moderne. Ceci peut prendre des formes concrètes différentes par ailleurs. Dire que le peuple est souverain n’implique pas de dire qu’il doit exercer ce pouvoir mais qu’il est la source ultime de ce pouvoir. Quel que soit la personne ou l’institution qui l’exerce, elle doit par contre admettre qu’elle tire son pouvoir du peuple et elle est donc soumise, à des intervalles réguliers, à des procédures de vérification.

Cependant, l’État a existé bien avant l’évolution qui a conduit à l’Etat moderne. Ce dernier n’est qu’un sous-ensemble dans la catégorie « État ». L’émergence de ce dernier, la distinction entre la principauté comme principe et la principauté comme propriété du Prince, se déroule depuis le Moyen Age. En France, c’est avec le règne de Philippe le Bel (1285-1314) que l’on commence à voir s’autonomiser un appareil d’État, les « légistes royaux »[5], dont le champ des attributions dépasse largement celui de la propriété royale. C’est aussi sous son règne que le double mouvement de lutte contre les seigneuries locales (lutte commencée un siècle plus tôt) et contre un pouvoir à vocation internationale (celui du pape[6]) a pris toute son ampleur[7]. La dissociation entre la « propriété du Prince » et l’État où le Prince est souverain s’affirme par étape. Commencée avec Philippe-Auguste[8], magnifiée par les conquêtes militaires du roi[9], consolidée par la naissance d’une « idéologie royale », elle est à peu de choses complète sous Philippe le Bel. Cette dissociation entre la propriété privée du Prince et son pouvoir public sort renforcée de l’épreuve de la guerre de 100 ans, où commence à s’affirmer un patriotisme français à travers l’épopée tant réelle que mythique de Jeanne d’Arc.

Ce patriotisme va révéler toute sa force au XVIème siècle sous Henri IV. La bataille, on aurait envie de dire « l’escarmouche »[10], de Fontaine-Française symbolisant l’union des Catholiques et des Huguenots Français contre le roi d’Espagne[11]. Désormais, la Nation a remplacé le lien religieux comme lien principal. La majorité des contemporains se définissent dès lors comme « Français » et non plus à travers leur allégeance religieuse. Quels que pourront être les soubresauts de l’histoire, les tentatives pour revenir en arrière, il y a un acquis fondamental. L’idée qu’il existe un « bien commun » entre Français, cette fameuse Res Publica, a été théorisée par Jean Bodin, qui servit Henri III et se rallia à Henri IV, dans Les Six Livres de la République[12]. Cet ouvrage montre que la période de constitution de l’Etat-Nation est close, puisque l’on peut en produire la théorie, et ouvre celle de l’évolution vers l’Etat moderne. Bodin, à la suite de Machiavel et vraisemblablement sous son inspiration à distance, imagine la puissance profane, lui qui se destinait pourtant dans sa jeunesse à être prêtre.

La laïcité, ciment des sociétés hétérogènes

L’horreur des guerres de religions est ici fondatrice dans la quête de la laïcité. On peut lire ces guerres comme une tentative pour restaurer une homogénéité religieuse devenue impossible. Mais, ces guerres sont un échec ; ni les catholiques ni les protestants n’arrivent à exterminer ou à convertir leurs adversaires. Dès lors, on se retrouve face à une hétérogénéité structurante et à la nécessité de penser le « bien commun », la res publica, en dehors du recours à la religion[13]. On se retrouve dans l’obligation d’évacuer le fondement divin du pouvoir puis de l’ensemble de la vie sociale, ce que Bodin théorisera dans l’Heptaplomeres[14]. Ce faisant il évacue aussi la loi naturelle et divine. Si la souveraineté doit être dite, en son essence, puissance profane, c’est parce qu’elle ne repose pas sur une loi de nature ou une loi révélée. De ce point de vue, Bodin anticipe Spinoza qui écrira lui aussi que « la nature ne crée pas le peuple », autrement dit qu’il est vain de vouloir imaginer une origine « naturelle » à l’ordre social. Elle ne procède pas de la loi divine comme de son origine ou de son fondement. Si le prince pour Jean Bodin est « image » de Dieu, il ne tient pas pour autant son pouvoir de Dieu. La distinction entre le monde symbolique et le monde réel est désormais acquise. On repense alors à la citation de Maurice Godelier. Le sacré, le religieux, est appelé à la rescousse pour configurer l’imaginaire des contemporains, mais il est mis au profit d’une situation qui tire ses racines du monde réel. Bodin affirme entre autres que le sacrement à Reims n’est pas de l’essence de la souveraineté. Le monarque n’a paslieu d’être chrétien. Il peut l’être, mais c’est son choix personnel. Dans le creuset des Guerres de religions, à l’ombre du massacre de la Saint-Barthélemy (1572), Bodin élabore sa doctrine de la souveraineté absolue. Fors celle-ci, il ne peut y avoir de Res Publica, il ne peut y avoir de bien commun entre les hommes d’un pays donné. Il y a là une leçon importante, et même fondamentale pour le monde moderne.

L’impasse du religieux

La vision religieuse de l’Auctoritas, ce que l’on appelle la légitimité, fut, il faut le dire, dominante pendant des siècles, et elle continue d’être sous jacente à certains des discours politiques que l’on peut entendre. D’ailleurs, dans de nombreux pays, le lien entre le pouvoir suprême et une foi religieuse est explicite. Le Président des Etats-Unis d’Amérique prête serment sur la bible et la formule qu’il prononce alors, « and help me God » (et que Dieu me vienne en aide), marque de manière claire cette présence du religieux au sein du politique. Il y a la nostalgie d’un âge mythique où était affirmée la trilogie « Un Roi, une Loi, une Foi ». Mais, cet idéal mythique a été fracassé un fois pour toute par l’hétérogénéité des croyances qui s’impose comme un fait majeur avec la Réforme. Les guerres qui ont résulté du refus de prendre en compte ce changement radical ont été parmi les plus atroces et les plus inexpiables que l’Europe a connues.

La seule solution résidait dans le découplage entre la vie publique et la vie privée, et le cantonnement de la religion à cette dernière. Ceci a été reconnu et théorisé à la fin des Guerres de Religion par Jean Bodin dans une œuvre posthume, l’Heptaplomeres[15], qui est le compagnon secret des Six livres de la République. Il est d’ailleurs de peu d’importance de savoir si cet ouvrage, tel qu’il nous est parvenu est bien entièrement de la main de Bodin. Son contenu ne fait que prolonger celui des Six livres. De quoi s’agit-il donc ? Bodin imagine que sept personnages, qui tous pratiquent la médecine[16]et qui professent tous une foi différente, sont réunis dans un château. Chacun son tour, il vont prendre la parole et chercher à convaincre les six autres. Naturellement, c’est à chaque fois un échec, et pour une raison simple à comprendre : la foi n’est pas affaire de raison. Quand le septième de ces personnages a parlé se pose alors une question redoutable : que vont-ils faire ? La réponse est éclairante à deux titres. La première est qu’ils décident de ne plus parler entre eux de religion, autrement dit celle-ci est exclue du débat public et devient une « affaire privée », même si, par courtoisie, ils s’engagent tous à aller aux célébrations des uns et des autres. La seconde est qu’ils décident d’œuvrer en commun « pour les bien des hommes ». Une autre fin eut été possible. Ils auraient pu décider de se séparer et de travailler séparément chacun dans leur communauté. Il y a là la seconde « invention » de Bodin. On insiste, à juste titre, sur la première qui est la distinction entre une sphère publique et une sphère privée. Elle est essentielle et fondatrice de la possibilité de la démocratie. Mais, elle ne doit pas masquer la seconde, qui n’est pas moins importante. L’invention de la sphère privée, et du cantonnement de la foi à cette dernière, ne prend sens queparce que des personnes de fois différentes se doivent de cohabiter ensemble.

La centralité de la laïcité

Que Jean Bodin insiste sur l’action en commun de personnes aux convictions religieuses différentes est très important. C’est là que l’on retrouve le raisonnement des Six livres et c’est en cela que l’on peut affirmer que l’Heptaplomeresest un approfondissement de l’ouvrage précédent. Cela veut dire qu’il y a des choses communes, des Res Publica, qui sont plus importantes que les religions. Cela signifie aussi que ce que nous appellerions dans notre langage la « laïcité » est une des conditions de l’existence des sociétés hétérogènes[17]. En retranchant de l’espace public les questions de foi on permet au contraire au débat de se constituer et de s’approfondir sur d’autres sujets. En un sens, Bodin pose le problème de l’articulation de l’individualisme avec la vie sociale, problème qui est au cœur du monde moderne. On notera ici que pour Bodin, il s’agit bien de « religion » au sens chrétien du terme et non de la religio civique des Romains. Bodin, rappelons le, est un fervent Catholique, et se destinait même à la prêtrise dans sa jeunesse. Il ne reniera jamais sa foi, même s’il exprime un intérêt important pour le Judaïsme. Rien ne permet de penser qu’il ait été agnostique sans même parler d’athée et il est important qu’un tel raisonnement ait été tenu par un Catholique.

Le raisonnement politique qu’il tient n’est pourtant pas une théologie politique et s’en éloigne beaucoup, même si il inclut une dimension symbolique importante. De ce point de vue, il faut rapprocher le raisonnement que suit Jean Bodin de la réflexion contemporaine d’Ernst Kantorowicz sur les « Deux Corps du Roi »[18]. Cet historien avait bien relevé l’importance de la légitimation religieuse dans la figure du Roi, mais il avait alors souligné que, et cela même pour les contemporains, n’établissait nullement une naturereligieuse du monarque. Ce dernier ne faisant que « recevoir » son royaume des mains de son prédécesseur, il ne lui « appartient » pas[19]. Bodin a procédé de la même manière, d’une manière décisive et fondatrice, à la séparation entre religion et politique, et à la naissance de la laïcité. Il le fait parce qu’il constate, et son action auprès d’Henri III a du être pour lui importante, l’inanité des tentatives soit de « concile général », et il y en eut plusieurs, soit d’éradication de l’hétérogénéité religieuse. Il arrive à cette position, qu’il cachera soigneusement à ses contemporains, comme point d’aboutissement de son œuvre politique, l’établissement de la souveraineté comme principe absolu, fondant l’Auctoritas c’est à dire le principe de légitimité dont découle toute légalité.

Il est donc faux de faire remonter la laïcité aux affrontements de 1904-1905 et à la séparation de l’Eglise et de l’État, voire à la Révolution de 1789, même si cette dernière est un moment incontestablement important de notre histoire politique. La laïcité remonte bien plus en arrière dans notre histoire, et l’on peut voir très clairement qu’elle est la fille des Guerres de Religion et de leurs horreurs. Mais, surtout, elle s’impose comme la seule solution possible de manière durable quand un pays est confronté à l’hétérogénéité religieuse. Une autre solution est en apparence possible, c’est celle adoptée par les pays allemands après la Paix d’Augsbourg[20](1555) puis la Guerre de Trente Ans, celle ou peuvent coexister des principautés dont les souverains professent des fois différentes, le Cujus Regno, ejus Religio. Mais, cette solution est bancale. Ne reconnaissant pas la liberté de conscience, elle impose une forme d’homogénéité à une société décidément hétérogène. C’est pourquoi, ce principe s’est progressivement érodé dans les différents pays qui l’ont appliqué. On est donc revenu à la seule solution stable, celle qui fut proposée par Jean Bodin.

 

Notes:

[1]Bouchet J., 2018, Les Ennemis de la Laïcité, Paris, Lemme Edit.

[2]Bouchet J., 2018, Les Ennemis de la Laïcité, op.cit., p. 7.

[3]Bouchet J., 2018, Les Ennemis de la Laïcité, op.cit., p. 17.

[4]Bouchet J., 2018, Les Ennemis de la Laïcité, op.cit., p. 22.

[5] Favier J., Les légistes et le gouvernement de Philippe le Bel », in Journal des savants, no 2, 1969, p. 92-108. Idem, Un Conseiller de Philippe le Bel : Enguerran de Marigny, Paris, Presses universitaires de France, (Mémoires et documents publiés par la Société de l’École des chartes), 1963.

[6] C’est le fameux « incident d’Anagni »

[7] Voir Carré de Malberg R., Contribution à la Théorie Générale de l’État, Éditions du CNRS, Paris, 1962 (première édition, Paris, 1920-1922), 2 volumes. T. 1, pp. 75-76.

[8] Flori J., Philippe Auguste – La naissance de l’État monarchique, éditions Taillandier, Paris, 2002 ; Baldwin J.W., (trad. Béatrice Bonne, préf. Jacques Le Goff), Philippe Auguste et son gouvernement. Les fondations du pouvoir royal en France au Moyen Âge, Paris, Fayard,‎ Paris,1991.

[9] Qui, après la bataille de Bouvines fut le premier roi à être dit « empereur en son royaume ». Duby G., Le Dimanche de Bouvines, Gallimard,‎ Paris,1973.

[10] Berger H., Henri IV à la bataille de Fontaine-Française, Dijon, 1958.

[11] Babelon J-P., Henri IV, Fayard, Paris, 1982.

[12] Bodin J. (1993), Les Six Livres de la République, (1575), Librairie générale française, Paris, Le livre de poche, LP17, n° 4619. Classiques de la philosophie.

[13] Lecler J, (1955), Histoire de la Tolérance au siècle de la réforme, Aubier Montaigne, Paris, 1955, 2 vol; vol. 2.

[14] Bodin J., (1984), Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, traduction anonyme du Colloquium Heptaplomeres de Jean Bodin, texte présenté et établi par François Berriot, avec la collaboration de K. Davies, J. Larmat et J. Roger, Genève, Droz, LXVIII-591

[15] Bodin J., Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, op.cit.

[16] Ce qui n’est pas sans importance car la médecine, sous l’impulsion de personnes comme Ambroise Paré, et par la pratique de la dissection des cadavres, est devenue la science du corps humain, et a commencé la démarche qui en fera un savoir scientifique.

[17] On trouvera un commentaire éclairant de sa contribution aux idées de tolérance et de laïcité dans: J. Lecler, Histoire de la Tolérance au siècle de la réforme, Aubier Montaigne, Paris, 1955, 2 vol; vol. 2; pp. 153-159

[18]Kantorowicz E., The King’s Two Bodies: A Study in Mediaeval Political Theology, Princeton (NJ), Princeton University Press, 1957.

[19] Jordan W.E., préface à The King’s Two Bodies: a study in mediaeval political theology, Princeton (NJ), Princeton University Press, réédition, 1997.

[20] Voir le texte du traité en allemand sur l’URL : http://www.lwl.org/westfaelische-geschichte/portal/Internet/finde/langDatensatz.php?urlID=739&url_tabelle=tab_quelle

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